LA HORDE de Yannick DAHAN et Benjamin ROCHER (2010)

Yannick Dahan et Benjamin Rocher connaissent leurs classiques. Élevés à John Carpenter, George Romero, Sam Raimi ou Wes Craven, les deux apprentis réalisateurs nous prouvent avec La Horde qu’ils savent également restituer une partie de leur savoir. Et même si le bulletin est un peu inégal, le film s’en sort avec les encouragements.

La Horde, c’est le récit nerveux d’un groupe de policiers venus déloger dans une tour HLM isolée une bande de caïd mené par Adewale (Eriq Ebouaney). Alors que le commando est en fâcheuse posture, l’immeuble est pris d’assaut par une horde de zombies affamés. Découvrant l’infection générale, les deux bandes ennemies n’ont d’autre choix que d’unir leur force pour s’en sortir. Commence alors une longue descente étage par étage où la mort les guette à chaque cage d’escalier.

Après une introduction un peu bancale mais heureusement assez expéditive, La Horde entre rapidement dans le vif du sujet en nous proposant une narration simple mais diablement efficace. La mise en scène se révèle à la hauteur des ambitions somme toute assez modestes des deux réalisateurs. Ils manœuvrent ainsi leur caméra à travers les couloirs infestés afin de tirer tout le potentiel de leur décor. Qu’on ne se leurre pas, La Horde est un défouloir fait par et pour des amoureux du gore et de scènes d’actions horrifiques. De ce point de vu, l’œuvre ne trahit en rien les intentions de ses auteurs et apparait même comme particulièrement réussie. Les effets spéciaux sont saisissants et la mise en scène appuie habilement la férocité des chorégraphies de combat, particulièrement inspirées. Tous les ingrédients inhérents au genre sont correctement éparpillés et l’ensemble est servi par des personnages charismatiques malgré leur caractère stéréotypé. Bref, avec sa petite dose d’humour, le film s’avère un excellent divertissement.

Néanmoins, La Horde n’est pas dénuée de défauts. S’il demeure cohérent, le scénario réserve quelques faiblesses notamment dans ses dialogues vulgaires et poussifs. Les acteurs ont d’ailleurs bien du mal à trouver le ton juste et à donner du crédit à leur personnage, le physique prévalant sur tout le reste. Le scénario est lui-même réduit à sa plus simple expression. Littéralement confiné dans son genre, La Horde ne ressent absolument pas la nécessité d’apporter une justification à son postulat, ni d’ouvrir son sujet à une réflexion plus vaste.

Véritable exutoire, on reprochera à ses réalisateurs de ne pas avoir eu l’ambition de dépasser la condition de leur film basé sur de multiples références. En effet, La Horde rappelle constamment l’univers de John Carpenter (Assaut, Ghost of Mars…) mais montre néanmoins une certaine intelligence dans l’utilisation des codes assimilés. Il ne manque ainsi pas grand chose à ce premier long-métrage pour jouer dans la cour des grands ; un peu de profondeur et de maturité artistique aurait donné un autre cachet aux nombreuses qualités déjà présentes.

Amorcé fragilement par Mutants de David Morley sorti en 2009 qui lui, pour le coup, manquait d’habileté formelle, on ose enfin croire avec La Horde à un essor du cinéma d’horreur à la française. Avec un peu d’expérience et en accordant plus de consistance à leurs propositions, Yannick Dahan et Benjamin Rocher pourraient bien en être les fers de lance.

LA HORDE (Fr, 2010) R. : Yannick Dahan, Benjamin Rocher ; Sc. : Arnaud Bordas, Y. Dahan, B. Rocher, Stéphane Moïssakis ; Ph. : Julien Meurice ; M. : Christopher Lennertz ; Int. : Eriq Ebouaney (Adewale), Aurélien Recoing (Jimenez), Jo Prestia (Greco), Jean-Pierre Martins (Ouessem), Claude Perron (Aurore), Doudou Masta (Bola), Yves Pignot (René). Couleurs, 90mn.

Un commentaire sur “LA HORDE de Yannick DAHAN et Benjamin ROCHER (2010)”

  1. Bonjour le site.
    Très bon article comme tout le temps. Continuez comme cela c’est un grand plaisir de vous lire.
    A très bientot et une bonne année 2011 !


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